les environs que je ne lui fisse partager. Bref, nous étions, au bout de quelques jours, la plus belle paire d’amis qui se soit vue depuis Oreste et Pylade.
« Pour sceller à jamais une si étroite intelligence, la Providence mit un jour en grand danger la précieuse existence de Pylade-Lapierre, dans une circonstance où nous traversions la rivière à la nage : en fidèle Oreste, je le sauvai au péril de ma vie.
« Cette bonne action me valut l’éternelle reconnaissance du loyal jeune homme.
« Vous allez voir comment il me la prouva.
« Je vous ai dit que toutes nos distractions étaient communes et que cette communauté s’étendait aux relations que j’avais. Naturellement, la famille de Louise n’en était pas exclue, et je continuais, comme par le passé, à me rendre tous les jours auprès de ma jolie fiancée. Seulement, j’étais invariablement flanqué du citoyen Lapierre.
« Le jeune homme paraissait surtout goûter extrêmement la société des maîtres de la maison, auxquels il racontait toutes sortes d’histoires plus ou moins invraisemblables, que sa verve intarissable rendait amusantes au possible et qui faisaient les délices des bons vieillards. Louise et moi, nous nous mêlions souvent à leur cercle et prenions de bon cœur part à l’hilarité générale. Lapierre, alors, redoublait d’amabilité, et ses racontars, s’adressant directement à la jeune fille, ne manquaient jamais de l’amuser beaucoup.
« Et c’est ainsi qu’une douce familiarité s’établit, à ma grande satisfaction, entre mon ami et mon amante.
« Loin de mettre obstacle au développement de