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avoir de la consistance, trottait dans la tête de l’enfant et qu’il cherchait à le fixer, à lui donner du relief.

Després ne s’apercevait pas de cette attention dont il était l’objet et continuait sa promenade fiévreuse.

Ce que voyant Lafleur, qui n’aimait pas les situations tendues, crut le temps propice pour risquer une proposition. Le digne étudiant n’était amateur de mélodrame qu’autant qu’on y mettait, de temps en temps, un petit entr’acte pour « prendre la goutte. »

Il saisit donc une bouteille et la brandissant :

« Ça ! messieurs, dit-il, vos histoires sont superlativement intéressantes ; mais elles ne doivent pas nous empêcher de faire un doigt de cour à cette bonne bouteille qui s’ennuie.

— En effet, nous ne buvons plus, appuya Cardon.

— C’est tout simplement de l’ingratitude, ajouta le Caboulot, qui évidemment faisait effort pour paraître calme. La bouteille est une bonne et loyale fille qui n’a jamais trahi personne, elle. Donnons-lui une franche accolade. »

Les trois amis se versèrent chacun une rasade, et Lafleur s’écria :

« Holà ! Després, holà ! Champfort, approchez. Faites-moi vite disparaître ces mines tragiques et venez trinquer, ou sinon je vous chante tout mon « Grand-père Noé. »

Et il commença, en effet :


C’est notre grand-père Noé,
Patriarche digne…


Mais les deux retardataires, en voyant cette me-