— Monsieur ! disait en même temps la veuve, qu’affirmez-vous là ?
— J’affirme, madame, reprit Després avec force, que l’homme qui aspire à la main de mademoiselle Laure est l’assassin du colonel Privat.
— L’assassin de mon mari ?
— Oui, madame… à moins que celui qui organise le meurtre soit moins coupable que l’instrument qui l’exécute.
— Je ne comprends rien à tout cela, monsieur… Le colonel Privat a été tué à la tête de son régiment, comme un brave officier qu’il était : voilà ce que je sais.
— C’est vrai, madame ; mais une chose que vous ignorez, c’est qu’il a été attiré dans un guet-apens par un lâche espion qui se disait son ami.
— Attiré dans un guet-apens ?… trahi par un ami ?… Oh ! monsieur, quel abîme de malheur et de honte vous nous ouvrez là !
— Madame, répondit Després avec une tristesse grave, soyez persuadée que si le bonheur de votre chère fille n’était pas en jeu, je me refuserais à soulever le sombre voile qui cache toutes ces turpitudes ; je vous laisserais dans votre bienheureuse ignorance de ces événements ténébreux… Mais mon devoir est là qui me pousse, et, d’ailleurs, la Providence m’a chargé de punir un grand criminel ; je ne faillirai pas à cette tâche.
— Monsieur aurait dû pénétrer dans cette enceinte en costume de grand justicier du Moyen-Âge et escorté du bourreau et de ses aides, fit entendre la voix narquoise de Lapierre.
— Misérable ! tonna Després, oses-tu bien parler de bourreau, toi qui as fait assassiner le père de ta fiancée ; toi qui as essayé de me tuer lâchement, il