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Cependant, Gustave Després, après s’être orienté un instant et avoir promené son regard dans la vaste pièce, s’avança lentement vers la table et s’inclinant devant Madame Privat, qui n’était pas encore revenue de son ébahissement :

« Madame, dit-il, d’une voix grave, vous me pardonnerez d’avoir répondu si tard à votre gracieuse invitation d’assister à votre bal. Rien moins que la privation absolue de ma liberté n’aurait pu m’empêcher d’assister aux splendeurs de votre festival. Aussi, étais-je bel et bien prisonnier. Mais j’ai brisé mes liens, fait sauter mes verrous… et me voici ! »

Et Després, en prononçant ces paroles sur un ton d’exquise galanterie, se retourna à demi du côté de Lapierre et lui jeta un regard froidement railleur, que ce dernier ne put soutenir.

La riche veuve ne savait trop que penser de cette tirade, qu’elle trouvait pour le moins excentrique, mais elle était de trop bonne société pour ne pas y répondre poliment.

« Monsieur, dit-elle gracieusement, vous nous donnez là, à mes enfants et à moi, une trop grande preuve d’attachement pour que je ne vous prie pas de me dire votre nom.

— Madame, répondit le jeune homme, je me nommais autrefois Gustave Lenoir ; mais des circonstances d’une nature particulière m’ont forcé de prendre le nom de ma mère, et, maintenant, je m’appelle Gustave Després.

— C’est notre roi, ma mère, c’est le Roi des Étudiants ! ajouta Edmond.

— Ah ! fit la veuve. Et bien ! Sire, ajouta-t-elle en souriant, Votre Majesté nous fera l’honneur de signer sur le contrat de mariage de ma fil-