Page:Dick - Le Roi des étudiants, 1903.djvu/232

Cette page a été validée par deux contributeurs.

fiévreux et ne demandaient qu’à s’humecter largement le gosier.

La santé des nouveaux amis fut donc bue avec entraînement ; puis vint celle de Simon, celle de la mère Friponne, puis celle du grand chien fauve, puis celle du chat noir, puis… on ne sut plus à qui boire.

À cette phase de l’orgie, tout le monde était aux quatre-cinquièmes ivre. Bill avait la figure vermillonné et turgescente ; Passe-Partout demeurait pâle et anguleux, mais ses petits yeux noirs lançaient des regards en vrilles tout tordus d’éclairs joyeux ; Simon avait roulé sous la table et ronflait comme un cachalot ; la mère Friponne, le nez sur ses genoux, cuvait son whisky en face de la cheminée.

Quant à nos deux intimes, Lafleur et Cardon, ils semblaient plus ivres encore que les autres. Le premier avait, sans cérémonie, escaladé la table, et, là, dominant les pochards ahuris, il hurlait sa chanson favorite : le "Grand-père Noé", à laquelle répondait, d’une voix de girouette rouillée, l’illustre Cardon.

Le tintamarre diabolique dura jusqu’à plus de quatre heures du matin, où Passe-Partout se déclara tout-à-fait incapable de boire une seule goutte de plus et manifesta le désir de garder l’atome de lucidité qui lui restait.

Bill se récria :

« Mais il y a encore une bouteille pleine ! disait-il d’un ton lamentable.

— Il est temps de songer à nos affaires, répondit Passe-Partout.

— Au diable les affaires !… reprenait le géant.