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l’attirait invinciblement, et qu’elle n’avait plus qu’à s’en rapporter courageusement à la Providence. À quoi lui servirait de se raidir contre une destinée inévitable, si Després n’arrivait pas ? Que lui vaudraient des récriminations et des dédains, si Lapierre, en dépit de tout, allait être son mari ?

Voilà ce que se disait la jeune fille et voilà pourquoi elle accueillit son fiancé avec moins de froideur que d’habitude, presque amicalement.

« Mademoiselle, roucoulait Lapierre, j’ai appris en entrant que vous vous êtes trouvée fatiguée pendant une valse : me serait-il permis de vous demander si cette faiblesse est passée ?

— Oh ! monsieur, ce n’était qu’un simple étourdissement, répondit Laure, une défaillance passagère qui n’a pas eu de suites.

— Vous me voyez très heureux d’apprendre qu’il en a été ainsi, car vous aurez besoin de toutes vos forces pour la grande journée dont l’aurore va poindre bientôt.

— Vous avez raison, monsieur, il me faudra être forte ! murmura Laure, avec un singulier sourire. Aussi, ajouta-t-elle, ai-je l’intention de me ménager et de ne plus accepter d’invitation à danser.

— Je ne saurais blâmer une aussi sage détermination, mademoiselle – d’autant moins qu’elle me prouve votre désir de paraître à l’autel dans tout l’éclat de votre beauté, répondit galamment Lapierre.

— Oh ! monsieur, croyez que cette considération-là est pour fort peu de chose dans ma décision, et que cette beauté dont il vous plaît de parler, je ne m’en occupe guère.