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Il y avait de quoi faire bouillir la bile d’un coquin encore flegmatique.

Quoi qu’il en soit, on ne résiste pas à l’envahissement de l’amour, et il faut bien le subir quand il s’installe à notre foyer.

C’est ce que fit Lapierre.

Il prit son rôle d’amoureux au sérieux, et, en homme prudent, il résolut de veiller sur son bien. Ce n’est pas que l’ancien espion se fit un instant illusion sur le sentiment qu’il inspirait à sa fiancée.

Oh ! non. Lapierre se savait haï, méprisé. Mais il se disait que c’était là une raison de plus pour être sur le qui-vive, et empêcher au moins la belle créole de donner son cœur à un autre.

Et puis, d’ailleurs, n’y avait-il pas ce petit carabin de Paul Champfort dont il fallait brider les trop tendres inclinations et enrayer la progression amoureuse ?…

Lapierre revint donc à son ancien métier : il se fit l’espion de sa fiancée et de Champfort. Redoutant par-dessus tout une entrevue entre les deux jeunes gens, les révélations que pouvait faire l’étudiant sur les événements de Saint-Monat, le soupçonneux coquin eut recours au petit moyen que nous connaissons.

Il écrivit à Mme Privat pour s’excuser de ne pouvoir, ce jour-là, se rendre à la Canardière et faire sa cour à Mlle Laure. Puis il vint, en tapinois, s’embusquer dans le parc, dans l’espoir de surprendre sa fiancée en flagrant délit de trahison.

On a vu que le hasard n’avait que trop bien favorisé l’espion. Lapierre, en effet, n’était pas en embuscade de-