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Després n’attendit pas longtemps.

En effet, cinq minutes ne s’étaient pas écoulées, qu’une jeune fille, vêtue de noir et pâle comme une madone d’albâtre, émergea à un coude de la grande allée conduisant au cottage, et s’avança lentement dans la direction du rond-point.

Elle donnait le bras à un jeune homme, que Gustave reconnut sur-le-champ pour être Edmond Privat.

Le Roi des Étudiants ne put se défendre d’une profonde émotion à la vue de cette femme malheureuse et forte, de cette belle créole dont le type opulent et la pâleur dorée avaient fait place à une blancheur de cire et à un affaissement précoce.

« Comme elle est belle ! se dit-il… et comme elle souffre !… Ah ! non, une aussi admirable femme ne peut aimer cette brute de Lapierre !… Je la sauverai, dussé-je le faire malgré elle ! »

Cependant, le couple approchait…

Després, le chapeau à la main, s’avança au devant de Mlle Privat, et s’inclinant avec cette courtoisie française qui le distinguait :

« Mademoiselle, dit-il, je rends grâce à Dieu et à votre bon ange de me procurer aujourd’hui le bonheur de vous rencontrer…

— Ma sœur, interrompit Edmond, j’ai le plaisir de te présenter mon excellent ami, Gustave Després, notre roi… le Roi des Étudiants. »

Mlle Privat s’inclina sans répondre. Elle examinait, à la dérobée, la mâle et franche figure de celui qui s’annonçait comme devant être son sauveur.

Després reprit :

« Mademoiselle, pardonnez-moi si j’ai dû, sans être connu de madame votre mère, solliciter de