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trace n’était visible sur le lit de feuilles sèches qui tapissaient le sol.

« Allons ! se dit-il, je n’ai pas de temps à perdre à la constatation d’une semblable bagatelle… C’est un animal quelconque, ou quelque gamin qui cherche des nids d’oiseaux… Laissons-les à leurs amusements. »

Et, pour réparer le temps perdu, Després allongea le pas, refoulant les branches feuillues qui lui froissaient la poitrine, brisant avec fracas les rameaux entrelacés, de telle façon qu’une douzaine de fauves auraient pu s’abattre autour de lui sans qu’il les entendit.

Il arriva bientôt en vue de la clairière.

C’était, comme nous l’avons dit, un vaste rond-point où venaient aboutir — semblables aux rayons d’une immense roue — toutes les allées principales du parc.

Tout autour, des bancs à dossier, peints en la traditionnelle couleur verte, étaient disposés entre les arbres — les uns orgueilleusement assis sur la croupe de quelque petit mamelon, les autres à moitié ensevelis sous le feuillage luxuriant.

Gustave se dirigea vers un de ces derniers et s’y installa.

Puis il se prit à réfléchir profondément.

La partie qu’il allait engager était extrêmement sérieuse. Non seulement il allait avoir à lutter contre un homme d’une habileté supérieure et rompue à toutes les intrigues, mais encore il lui faudrait porter la conviction dans le cœur d’une jeune fille entièrement fascinée par ce démon, marchant stoïquement à ce qu’elle croyait être la réhabilitation de la mémoire de son père, avec le fatalisme des victimes antiques.