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ossements de mon malheureux père ne tressaillent pas de honte dans leur tombeau.

— Voilà qui est bien, et j’admire un dévouement filial poussé jusqu’au point de consentir à un aussi monstrueux mariage, reprit Lapierre avec ironie… Mais, mademoiselle, quand on se pose en héroïne, il ne faut pas faire les choses à demi ; et, puisque vous êtes décidée à vous "sacrifier" – suivant votre expression – je désire que ce sacrifice soit complet.

— Que voulez-vous dire ?… que vous faut-il de plus ? demanda Laure avec exaltation… N’est-ce pas assez d’enchaîner ma vie à la vôtre et de renoncer pour toujours à mes plus chères illusions, à ma part de bonheur en ce monde ?… Ma fortune, cette misérable dot que vous convoitez, ne suffit-elle pas à vos appétits cupides ?… Va-t-il me falloir supplier mon frère de renoncer aussi à la sienne en votre faveur, pour que votre traître bouche ne révèle pas des malversations dans lesquelles vous avez trempé, ne trouble pas le dernier sommeil du malheureux et confiant officier dont vous avez causé la mort ?…

« Voyons, dites, monsieur le chevalier d’industrie… ne vous gênez pas ! Vous possédez un secret qui vaut une mine d’or : exploitez-le avec le talent que vous avez déployé là-bas, entre les armées ennemies ! »

Et la fière créole, brisée d’émotion, se couvrit le visage de ses mains crispées.

Quant à Lapierre, cette sanglante flagellation lui causa un mouvement de rage.

Il parut sur le point d’éclater.

Mais sa nature perverse rentra vite dans son calme de reptile.