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de quoi se désoler outre mesure ; que la goélette se retrouverait certainement ; que, la chaloupe fût-elle perdue irrémédiablement, ce n’était pas là un malheur suffisant pour abattre un homme fort… et que sais-je, encore ?

Hélas ! la pauvre enfant ne se doutait guère que son fiancé jouait, depuis longtemps, la hardie, mais terrible partie de la contrebande, et que, selon toute probabilité, il venait de la perdre.

Quoi qu’il en soit, Hamelin parut se rendre au généreux raisonnement de l’orpheline, bien qu’au plus profond de son être, il sentît un invincible découragement succéder à ses illusions d’autrefois. Non pas qu’il tînt à la fortune pour les jouissances égoïstes qu’elle procure ! mais, s’il avait joué gros jeu et risqué beaucoup, c’était pour assurer une heureuse vieillesse à sa mère et acquérir le droit d’épouser l’héritière de Pierre Bouet, sans s’exposer à des soupçons et des commérages, dont sa fierté ombrageuse n’aurait pu s’accommoder.

Et voilà que, par une fatalité inouïe, après avoir vaincu tous les obstacles, esquivé tous les périls, au moment même où il