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— Ne m’en voulez pas, mon bon Charles, si j’insiste ; mais abandonnez cet homme à la justice de Dieu, qui saura bien l’atteindre tôt ou tard… Fuyons cette île maudite et rendez la liberté à ce malheureux. Il a été dur pour moi, sans doute ; il m’a souvent fait peur avec ses éclats de voix et ses menaces… Mais, au moins, ajouta-t-elle plus bas, il m’a respectée !… N’est-ce là rien, Charles ?

— Vous le voulez, Anna ?

— Je vous en supplie.

— C’est bien : vous allez être obéie ! déclara le capitaine, avec une politesse un peu froide. Matelots, déliez ce misérable et… qu’il aille se faire pendre ailleurs !

Puis il ajouta, s’adressant à Anna :

— Puissions-nous ne pas avoir à nous repentir de notre générosité !

Les matelots obéirent à contrecœur et mirent Tamahou sur ses jambes. Cela fait, la Gaffe, qui jurait tout bas comme un payen, le conduisit un peu à l’écart et lui cria dans les oreilles :

— File, et plus vite que ça, mon visage de cuivre !… Si jamais je te rencontre !…

Un grand coup de pied acheva la phrase.