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avait épousé une adorable jeune femme ; là enfin qu’était née sa fille Anna, ce petit ange potelé et tout rose qu’il n’avait caressé que trois mois, – un instant !

Qu’étaient devenus la mère et l’enfant, partis tous deux sur le Swedenborg, en 1840 ?

Noyés, sans l’ombre d’un doute, puisqu’à son retour d’Angleterre, dans le printemps de 1841, il avait appris en même temps leur départ et la disparition du vaisseau sur lequel ils avaient pris passage, pendant une des plus furieuses tempêtes qui eussent jamais bouleversé le golfe Saint-Laurent.

Depuis lors, en proie à une implacable mélancolie, Richard Walpole avait fait ce que fait tout bon Anglais affligé d’une fortune et obligé de porter sur ses épaules, – jambe de ci, jambe de là, comme le vieillard de Sindbad, – le minotaure national : vulgo, le Spleen

Il avait voyagé, – voyagé dans toutes les parties du monde, voituré par tous les agents de locomotion connus.

Les océans l’avaient bercé en steamships, en bâtiments à voile, et souvent même en simples bateaux de courses, – quand ce n’était pas sur son propre yacht à vapeur, the Desperate, qu’il promenait son ennui.