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tait l’histoire de l’enfant perdu, — comme il appelait désormais sa fille adoptive, — ajoutant chaque fois un détail de son invention. De sorte qu’au bout d’une quinzaine, cette histoire était devenue un véritable conte de fée, auprès duquel le Petit Chaperon Rouge n’était qu’un insignifiant badinage.

Le plus drôle de l’affaire, c’est que le bonhomme avait fini par se croire, — comme ces voyageurs qui, à force de répéter des aventures extraordinaires, en viennent à se figurer que c’est réellement arrivé.

Cette singulière manie du père Bouet de rallonger constamment son histoire amenait parfois de bien curieuses scènes entre l’héroïne et le narrateur.

Un exemple entre vingt.

Le bonhomme raconte pour la deux centième fois, devant son deux centième visiteur, l’histoire de l’enfant perdu.

Le visiteur est un homme crédule, prêt à tout gober, surtout le côté merveilleux des exagérations.

Une odeur de fromage raffiné, qui s’exhale de sa personne et de ses vêtements, ne laisse aucun doute sur sa provenance.

Il est de Saint-Pierre.