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naient dans leur cœur les bonnes gens, sincèrement émues, et qui se lisaient couramment dans leurs yeux inquiets.

Pierre s’arracha le premier à ces tristes idées. S’approchant brusquement du berceau où dormait l’enfant, il embrassa une boucle blonde échappée du bonnet de la petite et se retira sur la pointe des pieds, suivi de son chien.

En voyant sortir Pataud, Marianne devina ce qui allait se passer et ouvrit la bouche pour retenir son mari ; mais une réflexion subite étouffa la voix dans sa gorge, et elle se prit à sangloter.

— C’est pour l’enfant… se dit-elle. Pauvre chien !

Et elle s’éloigna de la fenêtre, ne voulant pas voir mourir l’animal.

Pendant que la tendre Marianne se désolait ainsi, Pierre se dirigeait rapidement vers sa grange. Pataud gambadait à ses côtés, sans songer le moins du monde qu’il marchait au supplice. La brave bête se savait la conscience nette et n’avait pas la plus petite appréhension.

C’était un magnifique terre-neuve, au poil noir et frisé, dont les miroitements