Page:Dick - L'enfant mystérieux, Tome I, 1890.djvu/67

Cette page a été validée par deux contributeurs.

sait de jour en jour, se fit recevoir huissier et se jeta à corps perdu dans la chicane. Normand comme ses ancêtres, il se prit à adorer Thémis et à chérir les procès. Jamais on ne vit plaideur plus endiablé – et pourtant Dieu sait s’il s’en trouve de formidables dans nos campagnes avoisinant Québec ! Il plaidait pour tout, pour tous et à cause de tout. Une barrière restée ouverte, une clôture à laquelle il manquait une perche, un chien qui lui aboyait aux mollets, un ruisseau dont un des méandres envahissait sa terre… tout était pour lui matière à procès. La fabrique de la paroisse, le conseil municipal, les commissaires d’écoles, les inspecteurs de voirie, le gardien d’enclos lui-même n’avaient qu’à se bien tenir et à marcher droit, car Antoine les guettait, et, au moindre écart, vlan ! le papier timbré leur arrivait sous larges enveloppes.

Les avocats de Québec étaient dans la jubilation et ne parlaient de rien moins que de faire une souscription entre eux pour présenter à Antoine Bouet un témoignage non équivoque de leur estime.

Ce n’était pas tout. À force de manipuler les assignations, les brefs de saisies et