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recourir à une fâcheuse extrémité, qui est ordinairement l’indice du commencement de la décadence chez un cultivateur : il dut emprunter sur hypothèque.

C’était ouvrir la porte aux embarras d’argent et aux rentes à payer. Un emprunt en appelle un autre, jusqu’à ce qu’enfin les intérêts accumulés ne peuvent plus être soldés et que la terre passe au laminoir du shérif, pour en sortir… amincie de la belle façon.

Antoine n’arriva pas là de suite ; mais les choses allaient leur petit bonhomme de chemin dans cette direction, et rien n’était fait pour en enrayer la marche funeste.

Dix ans se passèrent de la sorte. Au lieu de travailler ferme et de chercher à améliorer sa culture, Antoine se laissait tout doucement entraîner vers la ruine complète. Insouciant comme un homme qui n’a pas à s’occuper de l’avenir, il passait une bonne partie de son temps en promenades avec des amis de l’Argentenay ou en ripailles dans ce joyeux coin de l’île d’Orléans.

Et, comme si cette manière de vivre n’écornait pas encore assez vite son avoir, maître Antoine, dont le caractère s’aigris-