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quand le premier ne laisse voir sur toute sa grassouillette personne que des lignes arrondies, des contours moëlleux, le second, au contraire, est fait d’angles saillants ou rentrants, énergiquement accusés sous une peau sèche et brune ; autant l’aîné a le regard bienveillant et l’expression enjouée, autant le cadet se distingue par un œil dur et une physionomie renfrognée. De même, sous le rapport moral, autant celui-là est gai et naturellement porté aux entraînements du cœur, autant celui-ci se plaît à paraître lugubre et à n’écouter que la voix de ses intérêts ou de ses passions.

Ils sont enfin l’antipode l’un de l’autre.

Et pourtant, seuls enfants d’un cultivateur à l’aise, ayant hérité chacun d’une moitié du patrimoine paternel amplement suffisante pour les faire vivre tous deux hors des atteintes du besoin, combien de raisons n’ont-ils pas eues pour que leurs penchants et leur humeur se soient développés semblablement, soumis qu’ils ont été aux mêmes influences !

Mais non. Pierre est resté laborieux, sage, économe, content de son lot et le faisant valoir le plus possible ; tandis qu’An-