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Il essaya plusieurs fois de se relever pour prendre sa course vers les maisons ; mais la terreur le paralysait autant que l’ivresse, et il ne put en venir à bout qu’au petit jour, alors que toutes les épouvantes de la nuit avaient disparu.

Avec la clarté, Jean retrouva son courage et se moqua de ce qu’il avait vu. Pourtant il lui resta une certaine souleur, qui l’empêcha d’abord d’en rire bien franchement. Mais il n’eut pas plus tôt lampé deux ou trois bons verres, qu’il redevint gouailleur comme la veille et se mit à défier tous les revenants et tous les loups-garous du monde de venir lui faire peur.

La journée se passa en essais inutiles pour faire repartir le moulin. Il était ensorcelé tout de bon, car il n’y eut pas tant seulement moyen de lui faire faire de suite deux tours de roue.

Jean vit approcher le soir avec une certaine défiance. Il avait beau se dire qu’il avait rêvé la nuit précédente… son esprit n’était pas en repos. Mais, comme l’orgueil l’empêchait de monter aux maisons, où l’on n’aurait pas manqué de le railler, il coucha bravement au moulin, — non toute-