Il se cognait à tous les meubles et prenait des embardées qui l’éloignaient toujours de sa paillasse.
Finalement il se fâcha.
« — Ah ! ça ! dit-il en se disposant à essayer une dernière fois, de ce coup-là, je me lance pour la mort ou pour la vie. »
Et il prit son élan, les bras en avant. Mais ce ne fut pas sa couchette qu’il atteignit : ce fut la porte de l’escalier, qui était restée ouverte.
Jean roula jusqu’en bas comme un paquet de linge et se trouva dehors, à la belle étoile.
Essayer de remonter ? Impossible. Il fallut donc passer la nuit là, au beau milieu du bois et avec la terre dure pour paillasse.
Aussi, quoique saoûl, Jean ne put fermer l’œil. Il s’amusa à compter les étoiles et à voir les nuages glisser sur la lune.
Vers environ deux heures du matin, un grand vent du nord s’éleva qui, s’engouffrant dans la cage de l’escalier, éteignit la chandelle restée allumée dans le moulin.
« — Merci, monsieur le vent, dit Jean Plante : vous êtes plus ménager que moi, vous soufflez ma chandelle. »