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une respectable cruche de ce bon rhum du temps, qui n’a plus son pareil aujourd’hui.

Chacun prit son petit coup, et la cruche revint vide, — ce qui ne l’empêcha pas de reparaître plusieurs fois durant le souper, plus pleine que jamais.

Ce fut alors que commença le festin.

Il nous faudrait ici la plume de Rabelais pour décrire cet engloutissement pantagruélique, cette absorption incroyable de volailles farcies, de pommes de terre frites, cette effrayante consommation de rôtis de lard gros comme des pavés, de croquignoles larges comme des barrières…

C’est que nos pères savaient manger, ratatinette ! c’est que, comparés aux nôtres, leurs estomacs étaient de véritables maëlstroms en miniature où disparaissait en un clin-d’œil, pour chacun d’eux, ce qui aujourd’hui constituerait le repas de quatre hommes ordinaires.

Oh ! les beaux convives que nos pères, et quels fiers buveurs ils faisaient !

Pendant trois heures entières, on se bourra d’aliments. Quand la masse ingérée faisait mine de ne plus vouloir prendre le chemin de l’estomac, on lui dépêchait