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Famille et sur les fonds sablonneux qui forment l’estuaire du fleuve vis-à-vis Saint-François. Il y a là des pêches miraculeuses à faire pour ceux qui se lèvent tôt et se couchent tard, c’est-à-dire pour les vaillants qui ne reculent pas devant la tâche de faire une fois le jour et une fois la nuit la visite de leurs lignes, à dix ou quinze arpents de chez eux.

Bien peu, il nous faut l’avouer, résistent longtemps à ce surcroît de fatigue, et la plupart, après quelques jours de pêche, renoncent à la mer pour ne s’occuper que de la terre.

Il n’en était pas ainsi de Pierre Bouet.

Depuis de longues années, il menait de front les deux besognes, perdant une couple d’heures de sommeil chaque nuit, mais en revanche gagnant d’assez jolis bénéfices avec le poisson qu’il allait vendre lui-même, dans sa chaloupe, sur les marchés de Québec.

Le père Bouet avait sur la grève, éparpillées jusqu’à la marée basse, une dizaine de lignes dormantes. C’est là qu’il se rendait deux fois dans les vingt-quatre heures pour changer ses appâts.