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— Tant mieux ! car c’est trop inquiétant d’avoir un mari sans cesse éloigné et en danger de périr. Je lui aurais plutôt refusé ma fille, s’il n’avait pris cet engagement-là.

— C’est ce que je lui ai dit, moi aussi. Mais tu sais comme il est fier. Il ne voudrait pas épouser Anna, sans apporter autant qu’elle, crainte de passer pour avoir recherché sa bourse.

— Ça leur fera un joli magot, sais-tu ?

— Ils le méritent, ma femme, car ce sont de bons enfants. Nos biens ne seront jamais mieux placés qu’entre leurs mains.

— Et ton frère ?

— Antoine ?

— Oui.

— En voilà un fainéant et un gaspillard qui guette mon sac, sans que ça paraisse ! Mais, ratatinette ! Pierre Bouet n’est pas si bête qu’il en a l’air… Antoine peut se tetter les pouces : je ne suis pas pour dépouiller ma fille d’adoption, mon enfant légitime, celle qui fait la joie de ma vieillesse, pour encourager les vices d’un pareil grugeur. Pas si fou !… C’est qu’il avalerait mes épargnes en quelques années, le coquin !