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En effet, à quelques jours de là, l’agent même qui avait renvoyé le Montagnais dut se rendre à un poste de traite assez éloigné, en compagnie d’un homme à son service.

Le malheur voulut qu’il rencontrât Tamahou sur sa route et qu’il s’adressât à lui pour un renseignement. La réponse du Sauvage fut un coup de fusil en pleine poitrine, qui étendit raide mort le malheureux agent.

Voilà pourquoi Tamahou affrontait une mer affolée et se dirigeait nuitamment vers le sud.

La police était à ses trousses depuis un grand mois et l’avait suivi des rives du lac Ha-Ha aux Laurentides. Là, elle avait perdu sa trace au milieu de ce fouillis de montagnes, de forêts et de vals, où le diable lui-même égarerait ses diablotins.

Tamahou eut donc le temps de respirer et profita de ce répit pour se construire le canot d’écorce que nous venons de voir bondir comme un dauphin sur le fleuve déchaîné.

Pendant deux heures entières, le Sauvage lutta contre le vent et la mer. Enfin, il aborda sur une île, qu’il jugea déserte.