— Que viens-tu faire ici ?… qui es-tu ? demanda le Sauvage, de sa même voix terrible et tenant toujours son arme abaissée dans la direction d’Antoine.
Ce dernier, en proie à la plus violente terreur, ne put que balbutier quelques mots inintelligibles.
— Réponds vite, ou je tire ! continua l’inconnu, en mettant un doigt sur la détente.
L’imminence du péril tira Antoine de sa torpeur. Il tomba à genoux et joignant les mains :
— Ne tirez pas, mon ami ! ne tirez pas !… Je vais vous dire…
— Parle, alors…
— Je suis un pauvre pêcheur égaré, que le courant a entraîné jusqu’ici.
— Où est ton canot ?
— Là, du côté nord de l’île.
— Es-tu seul ?
— Tout fin seul.
Le Sauvage, qui venait d’abaisser son fusil, l’épaula de nouveau.
— Tu mens ! cria-t-il ; tu vas mourir !
— Je vous jure… commença vivement Antoine.
— Tu mens ! te dis-je. Si tu n’étais qu’un