l’autre ; j’ai déjà jeté un coup d’œil sur l’île aux Reaux, où je voulais retourner aujourd’hui…
Mais non ! c’est à l’île à Deux-Têtes qu’est le magot… Quelque chose me le dit… Enfin, j’en aurai le cœur net ; et, si je ne trouve rien, satané massacre !…
Antoine s’arrêta un instant, puis il acheva avec un geste de suprême menace :
— Tant pis pour cette Anna de malheur : elle disparaîtra !
En ce moment, l’embarcation se trouvait à quelques encablures du bout nord de l’île à Deux-Têtes. Antoine nagea vigoureusement et, dix minutes plus tard, il abordait dans une sorte de crique, abritée contre les vents d’est et d’ouest par d’énormes rochers à pic.
Tout au fond de cette rade naturelle, le flot venait mourir sur une étroite plage de sable, qu’il submergeait entièrement dans les hautes marées. Puis c’était encore des quartiers de roc superposés, envahis par les mousses, couronnés de sapins trapus et violemment écartés pour former une profonde ravine, où coulait une eau limpide comme le cristal.