Page:Dick - L'enfant mystérieux, Tome I, 1890.djvu/129

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Au bout de cinq minutes de réflexion, l’homme releva la tête, et la figure maigre d’Antoine Bouet se trouva éclairée en plein par les étoiles.

C’était bien, en effet, le beau parleur !

Il venait de passer la soirée en conférence avec la mère Démone, et c’est au sortir de chez elle qu’il s’était élancé sur le fleuve.

Quel pouvait donc être le motif qui le faisait ainsi courir la nuit dans les parages de l’île Madame ?

C’est ce que nous allons apprendre, si nous voulons bien prêter l’oreille à l’étrange monologue qu’il est en train de se débiter :

— Satané corbillard ! faut-il être bête comme moi pour n’avoir pas songé à cela plus tôt ?… Au lieu de fouiller l’île Madame et l’île aux Reaux, où il vient tous les étés un tas de monde pour la pêche, j’aurais dû commencer par l’île à Deux-Têtes… c’est évident. Là, point de curieux, pas même un chien… Quel plus bel endroit pour cacher un trésor ?… Des rochers à pic ! des précipices à donner le vertige ! un fouillis de broussailles et de sapinage à faire perdre la tramontane au diable lui-même !… C’est là, bien sûr, que ce malin de Fournier a dû