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Il y a bien loin de la mignonne poupée du 15 septembre 1840 à la belle jeune fille que nous avons maintenant sous les yeux. La petite figure ronde et rosée d’autrefois est devenue le galbe pur et l’ovale parfait d’un visage de femme, tandis que les tons vifs de la peau ont fait place à la pâleur chaudement teintée qui caractérise les races latines. Les boucles folichonnes qui se jouaient jadis sur le front de l’enfant se sont transformées en opulentes tresses blondes sur la tête de la jeune fille, encadrant la plus ravissante physionomie du monde, où de grands yeux bleus mélancoliques tempèrent la sévérité d’un front élevé et l’expression un peu grave d’une bouche aux lèvres carminées. De même, la taille ronde et épaisse du bébé que nous avons connu s’est amincie, s’est développée, a acquis cette grâce féline, cette morbidesse de l’Andalouse, que ne désavouerait pas elle-même la plus élégante señorita de Grenade.

C’est dire qu’Anna est admirablement belle.

Faisant à peine les premiers pas dans les sentiers fleuris de l’adolescence, sur le