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Pierre lâcha tout, secoué par une puissante émotion.

— Non, mon pauvre chien, tu ne mourras pas de ma main ! s’écria-t-il en se précipitant sur Pataud ahuri et lui enlevant le licou qui l’étouffait ; non, il ne sera pas dit que tu m’auras sauvé la vie un jour que je me noyais et que j’aurai payé ton dévouement par une mort affreuse !… Viens, Pataud : advienne que pourra !

Le chien ne se le fit pas dire deux fois et, se secouant comme un barbet mouillé, il courut lécher les mains qui avaient failli lui jouer un si mauvais tour.

Pierre retourna à la maison et déclara carrément à Marianne qu’il ne se sentait pas le cœur de tuer Pataud, ni de charger un autre de la besogne. Il était résolu de lui laisser la vie à tous risques.

Marianne, partagée entre la satisfaction de garder le brave animal et la crainte superstitieuse d’attirer des sorts à sa fille d’adoption, ne savait que dire et branlait la tête.

Mais Pierre était ce matin-là en pleine révolte contre les idées reçues ; il ne croyait plus que vaguement aux loups-garous et se