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que point, d’allier ensemble ces deux sortes de devoirs, mais la fausse les separe. C’est ce qui fait qu’on voit tant de peres & de meres qui ont la reputation de gens de bien, & qui neanmoins ont souvent moins de zele pour le salut & l'éducation de leurs enfans, que n’en ont eu plusieurs d’entre les Payens. On a peine à comprendre que ces personnes ayent la crainte de Dieu, & que cependant ils ne pensent pas à un devoir si grand & si visible. Mais au nom de Dieu, qu’ils ne se trompent pas : cette vertu qui paroist en eux, n’est qu’une vertu de reputation & imaginaire, qui ne sert qu’à leur voiler les yeux, pendant que l’ennemy les conduit au precipice, qu’ils ne reconnoistront qu’à la fin de cette voye, qui leur paroist droite, & qui ne se termine qu’à la mort éternelle ; s’ils n’ont autant de soin du salut de leurs enfans, que du leur propre ; & s’ils ne s’efforcent par une pieté interieure & par une exacte fidelité à leurs devoirs de parens Chrestiens, d’estre en effet aux yeux de Dieu, ce qu’ils paroissent estre aux yeux des hommes.


II.
Instruction necessaire, mais inutile sans
la charité & la pratique de ses devoirs.


NUl ne peut satisfaire à ses devoirs s’il ne les connoist ; & il ne les peut connoistre, s’il n’a soin de s’en instruire. Or negliger de s’instruire, c’est de soy un peché qui engage dans un danger évident de se perdre, & c’est la source de tous les crimes que produit l’ignorance, dont le nombre est infiny. Ceux donc qui voudront s’instruire, pourront apprendre dans ce discours leurs devoirs les plus essentiels : Mais on les prie de se bien persuader que l’instruction ne suffit point. Comme la Foy sans les bonnes œuvres, est morte, aussi toutes les lumieres & les connoissances qu’on