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qui les rendroit sans doute beaucoup plus faciles & efficaces, seroit qu’un Pere & une Mere eussent eu le bonheur d’estre fideles à Dieu dés leur bas âge, en vivant dans sa crainte & son Amour, dans l’humilité, la pureté & la chasteté, dans l’éloignement des vanitez du siecle & des conversations profanes, & dans le mépris du monde, & qu’ils ne fussent entrez dans le Mariage qu’aprés avoir consulté Dieu serieusement, & avoir reconnu sa volonté autant qu’on la peut connoistre dans les tenebres de cette vie. C’est la manière­ dont on se marie qui attire la benediction ou la malediction de Dieu sur les parens & sur les enfans. C’est pourquoy il est de la derniere importance que ceux qui sont déja engagez dans le Mariage, ou qui le pourront estre un jour, s’instruisent parfaitement de l’esprit & des dispositions avec lesquelles on doit recevoir ce Sacrement : Car il n’y a gueres de Sacremens que l’on reçoive avec si peu de preparation, & que l’on profane davantage. Cependant Dieu punit cet abus par des suites trés funestes, & un Mariage qui ne se fait pas dans l’esprit du Christianisme, & dans la crainte de Dieu, est la source d’un nombre infiny de malheurs que nous voyons tous les jours tomber sur Peres & Meres, & sur leurs Enfans, par un effet de la vengeance divine. Ce Sacrement produit à la vérité la grace : mais cette grace ne se donne qu’à cent qui le reçoivent dignement, & le moyen de le recevoir dignement est d’avoir conservé l’innocence du Baptéme par une vie pure, chaste & Chrestienne ; ou du moins de l’avoir reparée par une conversion sincere, & une peniten­ce serieuse & veritable, si on l’a malheureusemẽt perduë par le peché mortel ; & d’avoir renoncé pour jamais à ce qui pourroit souiller l’ame pour passer le reste de la vie dans la pieté & le service de Dieu.