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est déterminée par le « coefficient de Fresnel » , dans lequel est l’indice de réfraction du milieu.

Lorsque, grâce aux travaux de Clerk Maxwell, nos vues sur la nature de la lumière avaient été profondément changées il était naturel d’essayer une déduction de ce coefficient basée sur les principes de la théorie électromagnétique. Voilà le but que je me suis proposé et qui a pu être atteint sans trop de difficulté dans la théorie des électrons.

La plupart des phénomènes qui se rattachent à l’aberration, et notamment l’absence d’une influence du mouvement de la Terre dans toutes les expériences où le système entier d’appareils est en repos par rapport à notre planète, purent maintenant être expliqués d’une manière satisfaisante. Seulement, il fallait faire la restriction que les effets considérés devaient être du premier ordre de grandeur par rapport à la vitesse de la Terre divisée par celle de la lumière, les termes du second ordre ayant été négligés dans les calculs.

Or, en 1881 M. Michelson réussit à faire interférer deux rayons lumineux partis d’un même point et y revenant après avoir suivi des chemins rectilignes de longueur égale et perpendiculaires entre eux. Il trouva que les phénomènes observés sont de nouveau insensibles au mouvement de la Terre ; les franges d’interférence conservaient les mêmes positions quelles que fussent les directions des bras de l’appareil.

Cette fois-ci il s’agissait bien d’un effet du second ordre et il était facile de voir que l’hypothèse de l’éther immobile à elle seule ne suffit pas à l’explication du résultat négatif. J’ai été obligé à faire une nouvelle supposition qui revient à admettre que la translation d’un corps à travers l’éther produit une légère contraction du corps dans le sens du mouvement. Cette hypothèse était bien la seule possible ; elle avait aussi été imaginée par Fitzgerald et elle trouva l’approbation de Poincaré, qui cependant ne dissimula pas le peu de satisfaction que lui donnèrent les théories dans lesquelles on multiplie les hypothèses spéciales inventées pour des phénomènes particuliers. Cette critique a été pour moi une raison de plus pour chercher une théorie générale, dans laquelle les principes mêmes conduiraient à l’explication de l’expérience de M. Michelson et de toutes celles qu’on avait tentées après lui pour découvrir des effets du second ordre. Dans la théorie que je me proposais, l’absence de phénomènes dus au mouvement d’ensemble d’un système devrait être démontrée pour une valeur quelconque de la vitesse, inférieure à celle de la lumière.

La méthode à suivre était toute indiquée. Il fallait évidemment montrer que