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de gagner le paradis, de vivre jusque-là, ainsi que ma femme, en bonne santé et en possession de notre pain quotidien ?

— Ne serais-tu pas heureux pourtant, reprit le bon Dieu, de changer cette cabane contre une demeure plus belle ?

— Oui, certes, répliqua le brave homme.

Le riche, en se levant, voit la belle maison qui remplace la hutte. Sur le conseil de sa femme, qui est allée questionner le pauvre, il monte à cheval et se met en quête du voyageur. Il le rejoint, s’excuse et demande aussi l’accomplissement de trois vœux.

Tout en lui conseillant de se tenir coi, « car cela ne lui vaudra rien, » le bon Dieu accède à sa demande. Le cavalier s’en retourne, et, tandis qu’il se creuse la tête pour y trouver les trois vœux qui embrassent le plus de choses, il laisse tomber la bride de son cheval. Le cheval prend le galop et trouble son maître dans ses réflexions. Celui-ci s’écrie :

— Je voudrais que tu te rompisses le cou !

Son vœu exaucé, il charge sur son dos la bride et la selle du malheureux cheval et reprend à pied le chemin du logis. Comme il chemine péniblement dans le sable, sous l’ardent soleil de midi, il lui passe par la tête que sa femme est agréablement assise dans l’endroit le plus frais de la maison, pendant qu’il tombe de fatigue et de chaleur. Cette idée