Page:Deulin - Les Contes de ma mère l'Oye avant Perrault.djvu/8

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Cette science est trop haute pour moi ; de plus, elle me paraît encore un peu trop vague et hypothétique. L’avouerai-je, d’ailleurs ? C’est sans enthousiasme que j’ai lu dans la Chaîne traditionnelle de M. Husson que le petit Chaperon Rouge est une aurore, et la Belle au bois dormant, « l’image d’une belle nuit calme et sereine, ou, si l’on veut, de la lumière céleste envahie par la Nuit ou par l’Hiver. » J’aime les contes pour eux-mêmes ; aussi bien que l’allégorie, le symbole me glace, et je serais vraiment fâché que M. Paris me prouvât jusqu’à l’évidence que le Petit Poucet n’a jamais existé qu’au ciel, sous la forme d’un dieu aryen.

Mon but est seulement d’examiner les différentes versions des contes publiés par Charles Perrault, sous le titre de Contes de ma mère l’Oye qui, avant lui ou de son temps, couraient en France et chez nos voisins. Afin que cette étude critique soit le plus exacte et le moins ennuyeuse possible, je produirai in extenso les traditions qui se rapprochent le plus de ces historiettes. Je les comparerai entre elles et je tâcherai d’y retrouver le génie des nations qui les auront fournies.

Je ne prétends pas, notez-le bien, que ces récits soient les sources où a puisé l’auteur de la Barbe bleue ; je suis convaincu, malgré l’opinion contraire de F. Génin et d’A. Maury, qu’il n’a guère consulté que les nourrices ; je crois même qu’on