Page:Deulin - Les Contes de ma mère l'Oye avant Perrault.djvu/79

Cette page n’a pas encore été corrigée

sert au profit de sa luxure. Chacun des époux se trouve à la fin Gros-Jean comme devant, et l’auteur conclut en ces termes :

Par cest fabel poez savoir
Que cil ne feit mie savoir,
Qui miex croit sa famé que lui :
Sovent l’en vient honte et anui.

Marie de France, qui ne tient pas à attaquer son sexe, dit simplement que mal à plusieurs est avenu

Qui trop creient autrui parole.

Avec Philippe de Vigneulles la donnée commence à s’épurer ; de plus, elle change de caractère et aboutit à une autre moralité. Ce n’est plus la femme qui attrape l’homme ; c’est le héros, homme ou femme, qui, par orgueil, méchanceté, colère ou étourderie, manque l’occasion unique qu’on lui fournit de régler lui-même sa destinée. De 1505 à 1514 le « mairchamp chaussetier » de Metz a écrit un amusant recueil de cent nouvelles qui, comme l’a fort bien dit M. Michelant, a le mérite d’être une date entre les récits attribués à Louis XI et ceux de la reine de Navarre. Le conteur n’est, du reste, ni sans verve ni sans gaieté, et il peint d’un trait vif et pittoresque les mœurs du pays messin au commencement du xvie siècle.

La soixante-dix-huitième nouvelle fond dans un