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contribué en grande partie à le former ; mais Boccace a évité avec raison de lui donner l’auréole de la sainteté. Il ne cherche pas, comme Perrault, à « rendre croyable la patience de son héroïne en lui faisant regarder les mauvais traitements de son époux comme venant de la main de Dieu. » Selon l’heureuse expression de M. Saint-Marc Girardin, dans son Cours de littérature dramatique, Griselidis est une sainte qui a pris son mari pour Dieu. » Là est son originalité et sa marque distinctive.

Où le critique anonyme rencontre tout à fait juste, c’est lorsqu’il montre combien Perrault, toujours préoccupé de la vraisemblance, s’embrouille dans les explications qu’il accumule pour motiver la conduite du marquis. Boccace, mieux avisé et plus voisin de la tradition populaire, se contente de dire : « Par une folie qu’on ne conçoit pas, il lui vint en tête de vouloir, par les moyens les plus durs et les plus cruels, éprouver la patience de sa femme. »

Une fois sortie du Mahâbhârata, la légende est devenue aux mains du peuple un conte comme bien d’autres, où un prince pose ses conditions à la jeune fille qui aspire à l’épouser. Dans l’article dont il est question plus haut, M. Edélestand du Méril en cite quatre ou cinq de cette espèce. En voici un que j’emprunte, pour sa brièveté, aux Contes populaires