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qui a poussé Perrault à prodiguer des ornements inutiles et même nuisibles et à vouloir expliquer ce qu’il fallait présenter tout bonnement comme inexplicable.

Nous avons vu dans l’Introduction le début sonore et emphatique du récit. Appliquant toujours sérieusement le procédé dont La Fontaine use en souriant pour relever sa matière, Perrault fait de son marquis un prince accompli,

Comblé de tous les dons et du corps et de l’âme,


et il ne s’aperçoit pas qu’il rend ainsi tout à fait invraisemblable le rôle odieux du personnage.

Boccace, plus adroit, se garde bien de vanter son héros. Loin de là, pour amoindrir l’effet que produira sa sottise, il a soin de prévenir tout de suite le lecteur : « Ne vous attendez pas, dit-il, à des actions grandes et généreuses de sa part, vous n’en verrez que de folles et de brutales, quoique la fin en fût bonne : mais je ne conseille à personne de l’imiter. »

Dans la nouvelle de Perrault, après avoir répondu ironiquement à la harangue de ses sujets qui le pressent de se marier, le prince part pour la chasse : description de la chasse. Il s’égare dans les grands bois : description des bois. Il rencontre une jeune et aimable bergère : description de la bergère.