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des nombreuses versions françaises qui parurent au xive siècle, ni la traduction avec changements et augmentations de Mlle de Montmartin (1749), ni la version déclamatoire de Legrand d’Aussy (1779), ni enfin la médiocre imitation de Boccace qu’Imbert a insérée à la fin de son Recueil d’anciens fabliaux (1788).

C’est dans le Décaméron qu’il faut lire la touchante histoire de Griselidis. La naïveté et la prestesse du récit, malgré la tournure cicéronienne de la phrase, plaident pour ceux qui prétendent que l’admirable conteur est né à Paris d’une mère française. Il a évidemment du sang gaulois dans les veines : s’il n’a pas pris, comme on l’a supposé, le sujet de Griselidis dans nos vieux fabliaux[1], de bonne heure il s’est nourri de leur substance et y a

  1. i. Legrand d’Aussy a cité le Parement des Dames. Cet ouvrage est d’Olivier de la Marche, né cinquante ans après la mort de Boccace. Dans le quinzième chapitre se trouve en prose l’histoire abrégée de Griselidis, et elle semble imitée du Décaméron. On a signalé aussi le Lai du Frêne, de Marie de France. L’héroïne s’y conduit comme Griselidis, et, sans montrer son chagrin, prépare soigneusement tout ce qu’il faut pour le mariage qui doit la chasser du château, mais ce n’est qu’une concubine. La situation n’est certes pas la même, et d’ailleurs elle n’est guère qu’indiquée. Il n’y a là qu’un des éléments du conte, et un pareil point de départ supposerait chez Boccace un travail de refonte beaucoup plus considérable qu’on n’avait l’habitude de le faire à cette époque.