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Gubernatis résume cette fable dans sa Mythologie zologique[1], un des ouvrages les plus considérables qu’on ait écrits sur les contes envisagés au point de vue mythique.

« Le sage et brillant Çântanu vient chasser sur les bords de la Gangâ et y rencontre une nymphe charmante dont il tombe amoureux. La nymphe consent à rester avec lui à la condition qu’il ne lui dira rien de désagréable, quoi qu’elle puisse faire ; le roi, tout à son amour, prend ce grave engagement. Ils passent ensemble des jours heureux, car le roi cède à la nymphe en toutes choses. Cependant huit fils leur sont nés et la nymphe en a déjà jeté sept dans la rivière sans que le roi, bien que pénétré intérieurement de chagrin, ait osé lui présenter la moindre objection. Lorsqu’elle est sur le point de se défaire du dernier, il la supplie de l’épargner et de lui révéler son nom. La nymphe alors lui avoue qu’elle est la Gangâ elle-même sous figure de femme et que ses huit fils sont des incarnations des huit dieux Vasus qu’elle précipite dans le fleuve pour les délivrer de la malédiction qui leur a valu la forme humaine. »

Nous trouverons, ajoute M. de Gubernatis, un fond légendaire analogue dans plusieurs contes populaires de l’Europe, avec cette différence qu’ici

  1. i. T. I, p. 74.