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monter à cheval les heures du jour, les deux couples… etc. » Je m’arrête au moment où ce conte, déjà fort scabreux chez Mlle Lhéritier, commence à effaroucher le lecteur français. Je n’ai pas besoin de faire remarquer combien, à côté du verbiage de Mlle Lhéritier, ce style est vif et pittoresque, et quelle saveur a cette langue bizarre. Cyrano de Bergerac, en sa burlesque audace, n’a pas trouvé des images plus inattendues ni d’un mauvais goût plus charmant et plus raffiné. L’auteur les prodigue avec le demi-sourire d’un homme d’esprit qui s’amuse, et presque toujours il s’en sert pour peindre le lever ou le coucher du soleil. On dirait qu’il a parié d’exprimer chaque fois ces phénomènes avec une nouvelle métaphore. D’ailleurs, à part ces excès de la singularité et de la verve inventive, il s’éloigne bien moins que Perrault de la source populaire où l’un et l’autre ont puisé leurs récits. Il s’adresse aux gens des carrefours, tandis que Perrault cherche à plaire aux belles dames de la cour de Louis XIV.

Ce n’était pourtant pas un homme du commun que le cavalier Giovan Battista Basile qui, sous l’anagramme de Gian Alesio Abbattutis, publia à Naples, en 1637, Pentamerone, overo lo cunto de li cunti, trattenemiento de li peccerille, ce qui veut dire les Cinq journées, ou le conte des contes pour la récréation des petits enfants. Né à Naples