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voudrais ni vers, ni prose pour vous la conter : point de rimes, un tour naïf m’accommode mieux. Je ne cherche que quelque moralité. » Et tout de suite elle énonce les deux proverbes sur lesquels son conte est fondé ; puis la voilà qui, prise d’un beau feu, se met à rimer une trentaine de vers, puis elle s’écrie : « Mais je n’y songe pas, madame, j’ai fait des vers ; au lieu de m’en tenir au goût de M. Jourdain, j’ai rimé sur le ton de M. Quinault, etc. » Au bout de trois pages qui, pour les enfants, font l’effet de la forêt inextricable de la Belle au bois dormant, l’auteur se décide enfin à entrer en matière.

Il s’agit d’un roi qui, s’en allant en Palestine faire la guerre aux infidèles, confie son royaume à son ministre. Il a trois filles, Nonchalante, Babillarde et Finettes. Développement du caractère de chacune, développement fort long et tout à fait inutile, puisque les noms suffisent pour mettre le lecteur au courant. Finette est tellement fine qu’elle découvre un piège dangereux qu’un ambassadeur de mauvaise foi avait tendu au roi son père. En mettant l’article du traité dans les termes que lui dicte sa fille, celui-ci trompe le trompeur. Tout cela voudrait être naïf et n’est que niais, et le conte continue ainsi durant quarante-sept pages.

« Il est une folie d’esprit qui plaît, a dit M. Giraud