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de ses émules les plus célèbres, MMmes d’Aulnoy et Leprince de Beaumont. Le Petit Chaperon rouge tient tout entier en quatre pages ; la Barbe bleue en a neuf ; le plus long de tous, le Petit Poucet, en occupe seize. L’Oiseau bleu et la Chatte blanche en comptent cinquante-sept, et la Biche au bois près de soixante.

Mme Leprince de Beaumont est moins prolixe, et son chef-d’œuvre, la Belle et la Bête, qui n’en est pas mieux écrit, ne prend guère que vingt-deux pages. Sous prétexte que Mérimée était l’arrière-petit-fils de Mme Leprince de Beaumont, M. de Loménie, dans son discours de réception à l’Académie française, a prétendu qu’il y avait « un rapport frappant entre le style des deux auteurs. » N’en croyez pas un mot : rien ne ressemble moins au style sec et brillant de Mérimée que la langue fluide et incolore de Mme Leprince de Beaumont.

Mme d’Aulnoy mêle quelquefois ensemble — et assez mal, comme dans la Chatte blanche — deux traditions populaires ; elle transforme leurs rustiques personnages en princes charmants et en princesses accomplies, puis elle promène ses fades héros à travers des palais étincelants d’or et de diamants. Ce ne sont plus des contes, ce sont des féeries, et c’est pourquoi Mme d’Aulnoy est, de tous les conteurs, celui qui a fourni au théâtre les prétextes les