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Il monta sur une frêle barque et à peine fut-il au large qu’une rafale bouleversa les flots et retourna le bateau. Ils burent tous à la grande tasse, excepté Nennella.

Comme elle n’avait pas sur la conscience les brigandages auxquels avaient pris part la femme et les enfants du pirate, elle échappa au naufrage.

Au moment où la barque se retournait, il y avait tout proche un grand poisson enchanté qui, ouvrant un gosier large comme un gouffre, avala soudain Nennella. La jeune fille se crut perdue, mais quelle ne fut pas sa surprise !

Le ventre de ce poisson renfermait de splendides campagnes, des jardins immenses et un château seigneurial avec toutes les commodités imaginables, dont elle devint la maîtresse.

Ce poisson la porta près d’un rocher où au plus fort de la chaleur, quand le soleil lançait sa plus grande volée de flèches, le prince vint prendre le frais, pendant qu’on lui préparait un superbe festin.

Nennillo s’était placé à une lucarne du palais au-dessus du rocher pour aiguiser des couteaux, car il aimait son métier et se piquait d’honneur. Nennella l’aperçut par le gosier du poisson et elle s’écria d’une voix caverneuse :

— Mon frère, mon frère, les couteaux sont repassés, la table est mise et sans toi dans ce poisson la vie m’est odieuse.