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cette traduction de notes, cite Molière et La Fontaine à propos des emprunts ou des rencontres, et se tait sur le compte de Perrault. En 1735, Voltaire lui fait assiéger vainement, en compagnie de La Motte et de Chapelain, la porte du Temple du Goût. À la même date, dans sa Bibliothèque des Romans, Langlet-Dufresnoy se plaint de la sécheresse de ses contes, et, en 1772, dans ses Trois siècles de notre littérature, Sabatier de Castres déplore leur manque de délicatesse. D’Alembert, dans l’Éloge qu’il lui a consacré (1772), le traite comme un méchant poëte, et ne mentionne pas ses contes. Dans l’Essai sur les éloges, Thomas, qui n’est pas moins muet sur ce chapitre, résume ainsi son panégyrique : « Que Boileau reste à jamais dans la liste des grands écrivains et des grands poëtes, mais qu’on estime en Charles Perrault de la philosophie, des connaissances et des vertus. » Diderot[1], Marmontel, Rousseau, Grimm, Chamfort lui-même, qui, dans son Éloge de La Fontaine, mentionne Vergier, Grécourt, Sénecé, Piron, ne semblent pas se douter de l’existence des contes

  1. Dans son Troisième Entretien sur le Fils naturel, Diderot se demande, sans nommer Perrault, pourquoi la situation de l’héroïne de la Barbe bleue au haut de la tour, qu’il reconnaît d’ailleurs être fort pathétique, n’attendrit pas un homme sensé, comme elle fait pleurer les petits enfants, « C’est qu’il y a, dit-il, une Barbe bleue qui détruit son effet. »