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une digue à ce débordement de féeries, publia ses Entretiens sur les contes de fées. Dans les critiques, d’ailleurs fort justes, qu’il leur adressa, il eut soin de faire une exception pour Perrault. Le théâtre lui-même s’en mêla : un mois après l’apparition des Contes, Dufresny fit jouer aux Italiens les Fées ou les Contes de ma Mère l’Oye qui, en raillant le genre, en constataient la vogue, et, deux ans plus tard, Dancourt donnait aussi une pièce sous le même titre.

Cette vogue passa pourtant bientôt, et Perrault se vit submergé sous les fadaises dont MMmes Lhéritier, d’Aulnoy, de Murat, de la Force, d’Auneuil, etc., remplirent leurs historiettes. Il n’y eut pas seulement la réaction qui suit toujours les succès éclatants. De la part du xviiie siècle, il y eut animadversion : aux yeux des philosophes le merveilleux encourageait les erreurs dont ils voulaient débarrasser l’humanité.

Pendant que ses contes, traduits en toutes les langues, se répandent dans le monde entier, les gens de lettres d’alors, même ceux qui ont des accointances avec les fées, affectent pour Perrault un singulier dédain. On sait qu’une version du Chat botté se trouve dans les Facétieuses nuits de Straparole. Lamonnoye, qui a écrit une préface pour la traduction de Louveau et Larivey, n’y dit pas un mot de Perrault. Le poëte Laisnez qui, en 1709, enrichit