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tard, le faire remonter jusqu’à la nourrice, ou encore répondre avec Sainte-Beuve que « Perrault, tout en contant pour les enfants, sait bien que ces enfants seront demain ou après-demain des rationalistes… La mesure de Perrault est bien française, » et c’est l’ironie, discrète et souriante, qui fait le charme secret de ses contes.


IV


La tirade contre Homère dans le Siècle de Louis le Grand semble bien hardie ; les contes en simple prose, où les vers ne figurent qu’après le récit, étaient plus hardis encore. Aussi Perrault recula-t-il devant sa propre audace, et c’est surtout par respect humain qu’il les publia sous le nom de son fils. Il n’avait guère modifié les données primitives et ces bagatelles lui avaient peu coûté. Il se garda bien de les lire à l’Académie, où il est probable qu’on les aurait assez mal accueillies.

Cette fois pourtant le succès fut complet et la critique resta muette. Comme il est d’habitude après la réussite de toute œuvre originale, les imitateurs se jetèrent sur ce genre nouveau. Ils l’exploitèrent si bien qu’en 1699 l’abbé de Villiers, pour mettre