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Perrault a pu sans invraisemblance publier ses contes sous le nom de son fils : l’enfant avait vraiment collaboré à l’œuvre paternelle.

Il a indiqué le ton et l’allure qui convenaient, le père n’a eu ensuite qu’à arranger les choses et à les mettre, comme on dit, sur leurs pieds[1]. Il les a même quelquefois un peu trop arrangées et enguirlandées de galanterie ; avouons-le, sans aller jusqu’à prétendre, avec Mickiewicz, « qu’il a tourné en caricature des sujets naïfs et populaires, » ni même avec M. Chodzko, « qu’il a métamorphosé ses héroïnes en autant de précieuses, coiffées à la Maintenon, avec du fard et des mouches. » Les héroïnes de Perrault ne s’habillent pas toutes chez la bonne faiseuse, et, du reste, leurs antiques ajustements leur donnent aujourd’hui une tournure de patriarche et de marionnette qui leur sied à ravir.

Quant au reproche d’avoir trop rationalisé le conte, que lui a également adressé le poëte polonais, on peut quelquefois, comme nous le verrons plus

  1. Un seul fait pourrait peut-être invalider notre système. Dans son Traité des Matériaux manuscrits (1836), Alexis Monteil raconte, t. II, p. 181, qu’il possède un manuscrit de l’année 1618 (in-4*, basane bleue, filets), qui a pour titre : Contes de Fée, et dont le style, « pour la forme et la gracieuse naïveté, » ressemble, dit-il, à celui de Perrault. Nous avons vainement recherché ce manuscrit. Que contient-il et Perrault l’a-t-il connu ? S’il existe encore, nous saurions un gré infini à son propriétaire actuel de vouloir bien nous le communiquer.