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rapidement qu’il ne put suivre ses pas. Or, le prince s’était avisé d’un artifice : il avait ordonné qu’on mît de la poix sur l’escalier, et la pantoufle de Cendrillon y resta attachée. Le fils du roi s’en empara ; elle était tout en or, aussi charmante que mignonne.

Le jour suivant, il s’en alla chez le père de la fugitive et lui déclara qu’il prendrait pour femme celle qui pourrait chausser la pantoufle d’or. Les deux sœurs furent enchantées, car elles avaient le pied fort petit.

L’aînée s’en fut à sa chambre avec sa mère pour essayer la pantoufle ; mais comme la pantoufle était trop étroite, elle ne réussit pas à y faire entrer l’orteil. La mère alors lui tendit un couteau en disant :

— Coupe l’orteil : lorsque tu seras reine, tu n’iras plus à pied.

La jeune fille se coupa donc l’orteil et le pied put entrer ; ensuite, en cachant sa douleur, elle alla retrouver le prince. Celui-ci la prit en croupe comme sa fiancée et s’en fut avec elle. Mais quand le couple passa devant la tombe sous le coudrier, les deux pigeons, qui y étaient perchés, dirent ensemble :

— Rouck di gouck, rouck di gouck.
Le soulier est rouge de sang,
Le soulier n’est pas assez grand,
La vraie fiancée est encore à la maison !

Le prince aussitôt jeta les yeux sur le pied de sa compagne et vit le sang qui sortait de la pantoufle.