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d’estre fille ; on parla de la belle éducation qu’il donne à ses enfants ; on dit qu’ils marquent tous beaucoup d’esprit, et enfin, on tomba sur les contes naïfs qu’un de ses jeunes élèves a mis depuis peu sur le papier avec tant d’agrément. »

Il est aisé de se figurer comment les choses se sont passées. Perrault habitait, nous l’avons dit, sa maison du faubourg Saint-Jacques, à portée des collèges, et s’y occupait fort de l’éducation de ses enfants. Un jour, il donna à l’un d’eux, comme thème de narration, un des contes que sans doute il avait l’intention de mettre en vers. C’était un petit bonhomme d’une dizaine d’années, doué d’une excellente mémoire et de beaucoup d’esprit naturel. Il tenait de son père l’amour des contes et il se rappelait les tournures naïves que sa nourrice employait en les disant. Il les reproduisit avec un tel bonheur que son père fut frappé de ce style ingénu qui ne devait rien à l’art.

La Fontaine, cherchant « lequel caractère est le plus propre pour rimer des contes », avait cru que « les vers irréguliers ayant un air qui tient beaucoup de la prose, cette manière pourroit sembler la plus naturelle, et par conséquent la meilleure ». Il avait de plus appelé à son aide le vieux langage « qui, pour les choses de cette nature, a des grâces que celui de notre siècle n’a pas ». Cet air qui tient beaucoup de la prose, Perrault n’arrivait point à