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taureaux, d’ours et de pouliches qu’il faut écorcher pour leur être agréable, et pourtant la Cendrillon allemande est encore bien invraisemblable.

Le petit oiseau qui jette à l’héroïne une robe d’or et d’argent, le pigeonnier et l’arbre où elle se cache paraissent des inventions fort primitives. L’incident du pied coupé est atroce[1] et le prince qui ne s’en aperçoit pas est par trop aveugle. Rien de moins admissible enfin que le détail des deux pigeons qui, perchés sur les épaules de Cendrillon, crèvent les yeux de ses sœurs, sous le portail de l’église, à l’entrée et à la sortie du cortége nuptial.

Comme la Gatta Cennerentola et une foule d’autres contes, Aschenputtel débute par l’épisode d’une branche de noisetier que la jeune fille prie son père de lui rapporter. Elle la plante sur la tombe de sa mère.

Ce dernier détail, qui paraît d’une sentimentalité tout allemande, se retrouve dans un conte du Deccan intitulé Punchkin. Non-seulement un arbre aux fruits délicieux croît sur la tombe maternelle, mais quand la marâtre l’a fait abattre, il est remplacé par un petit réservoir plein d’une crème exquise.

À ces traits M. Gaston Paris reconnaît (Revue critique d’histoire et de littérature, n° 27, 4 juillet

  1. Il se retrouve, ainsi que les colombes dénonciatrices, dans la Cendrillon russe, Cernushka, la petite sale (conte XXXX du livre VI d’Afanasieff).